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les actions du Dr. Jean Hameau

LA PELLAGRE ou mal de la Teste

 

En 1818, il trouve, chez une patiente du Teich, les symptômes d’une maladie dont il est le premier à mettre en évidence l’entité clinique. Cette femme de 50 ans « était devenue idiote et paralytique et présentait sur le dos des mains et des pieds des épaississements fendillés de la peau ». La mort survint rapidement. 

 Au printemps suivant il examine une de ses filles, qui dormait avec elle, et qui présente depuis deux étés un érythème sur les pieds et sur les mains et des stries fendillées sur la langue, et un syndrome diarrhéique. L’hiver se passait bien, mais tout réapparaissait en avril, avec des troubles psychiques.

Aucun des praticiens n’avait fait le rapprochement entre les différents symptômes et, bien entendu, ne les avait rassemblés dans une même entité.

 

Cette maladie s’observait exclusivement chez les familles pauvres de laboureurs ou de bergers, se nourrissant exclusivement de maïs. Elle rappelait une affection des brebis des landes, aux symptômes voisins, appelée la « Pelle », et d’origine infectieuse.

 

Pendant 11 ans, de 1818 à 1829, il va observer, chez plusieurs malades, cette affection nouvelle non encore dénommée ni étudiée, qui se manifeste étrangement par une éruption renouvelée au printemps, accompagnée d’autres signes cliniques, digestifs et neuropsychiques.

Son travail, présenté le 4 mai 1829 devant la Société Royale de médecine de Bordeaux, fut publié dans le JOURNAL DE MÉDECINE PRATIQUE (1829) sous le titre :

« Description d’une maladie nouvelle observée par le docteur Hameau sur le littoral du bassin d’Arcachon ».

 

En 1843, Jean Hameau écrit à l’Académie de Médecine pour se faire entendre :

 

 « Le verra-t-on longtemps encore ce fléau promener la mort sur cette terre de désolation sans que les secours proportionnés au danger soient accordés à ces malheureuses victimes. »

 

On sut bien plus tard qu’il s’agissait d’une carence en une vitamine du groupe B, l’acide nicotinique, vitamine B3 ou PP (pellagre preventing)

Source principale : les aliments riches en vitamine B3 sont les abats (foi, rognon, cœur), les viandes blanches, les œufs, les poissons et les champignons.

LE PALUDISME

 

« L’année 1811 fut chaude et humide, j’avais prédit qu’il y aurait beaucoup de fièvres intermittentes et les trois quarts des habitants en ont été atteints »

 

De fait en 1811-1812, JH traita le paludisme qui sévissait dans les Landes. Cette maladie se manifeste par des accès fébriles réguliers, tous les 3 ou 4 jours en général.

 

Sans attendre le 7° accès pour en faire le diagnostic, comme on le préconisait depuis Hippocrate, JH, sur la notion d’épidémie, en faisait rapidement le diagnostic et prescrivait du quinquina à la dose de trente grammes deux, quatre et six heures avant l’accès paludéen,

 

Sur de très nombreuses observations, il dit n’avoir jamais observé d’accidents, qui sont au contraire fréquents et graves si l’on n’intervient pas, en particulier des « anasarques » (néphrites aiguës)

 

Cette pratique thérapeutique, qui date de1811, dût attendre la fin du siècle et les préconisations de LAVERAN, par ailleurs découvreur de l’hématozoaire, parasite responsable de la maladie, en 1880, pour devenir classique, et  utilisée par l’ensemble des médecins, sans jamais qu’on la rapporte à JH.

Il établit également une relation de cause à effet entre les eaux stagnantes et la fièvre intermittente.

 

«II suffirait pour faire disparaître cette maladie de faciliter l’écoulement des eaux », ce qui fut réalisé plus tard par CHAMBRELENT et CROUZET, transformant la région drainée en un des pays les plus salubres de France.

 

Jean Hameau écrit en 1812 :

« Si la moitié des dépenses qui ne sont faites que pour des plaisirs frivoles étaient consacrées à l’assainissement du sol et des lieux habités on verrait bientôt un grand nombre de ces maladies cesser d’anéantir l’espèce humaine. »

LA MORVE du cheval 

 

En 1810, dans une communication à la Société de Médecine de Bordeaux, il fait la première description de la transmission d’une maladie des chevaux, la MORVE, à l’homme. Nul n’y fera référence dans les ouvrages médicaux traitant de cette pathologie, préférant citer les travaux ultérieurs de SCHILLING (1821) et ELLIOTSON (1830).

 

 Il va assister, impuissant, pendant 3 mois, à l’agonie d’un jeune vétérinaire Pierre DAISSON, de La Teste, DAISSON, qui avait fait ses études à PARIS, en même temps que lui et qui s’était occupé de chevaux atteints de Morve dans un pâturage d’Audenge.

Le vétérinaire présentait une tumeur au niveau du palais et un écoulement fétide par les narines. Il mourut au bout d’un mois, dans d’atroces souffrances.

 

Maladie infectieuse et contagieuse due à Burkholderia mallei, propre aux équidés (chevaux, ânes, mulets), la Morve peut se transmettre aux autres animaux et à l'homme. Elle se caractérise par des phénomènes généraux aigus, de la fièvre, une inflammation des muqueuses, en particulier nasale, avec écoulement purulent, une tuméfaction de la peau et une éruption de phlyctènes sur celle-ci et sur les muqueuses, évoluant souvent vers la gangrène. La maladie dure en moyenne trois semaines et se termine généralement par la mort.

Le farcin s’applique aux lésions cutanées.

LE CHOLÉRA

 

Il y a 160 ans, en 1849, le choléra occasionnait plusieurs dizaines de milliers de morts. Le choléra se propage à Bordeaux et La Teste est atteinte en début d’été.

Le docteur Jean Hameau a très bien étudié le choléra dans son mémoire sur les virus, présenté en 1837 à la société de médecine de Bordeaux, puis à l’Académie de médecine. Il y affirmait, après une étude épidémiologique rigoureuse, que le choléra était dû à un virus, que ce virus était contagieux.

On comptait les morts par centaines, dès le début de l’épidémie.

Jean Hameau en arrive vite à deux conclusions essentielles pour en finir avec l’épidémie : « Tuer » ce germe responsable du choléra, et prévenir sa dissémination.

 

1 – Tuer le virus responsable du choléra.

Jean Hameau, en examinant attentivement les symptômes, qui sont en majorité digestifs (diarrhée aqueuse +++, vomissements), en déduit que le « virus » responsable se multiplie dans les intestins.

Il donne des lavements d’eau tiédie contenant 6 g de sulfure noir de mercure, qu’il demande de renouveler après chaque selle.

Par ailleurs, il fait absorber au malade de l’eau salée progressivement par petites doses fréquentes, pour lutter contre l’affaiblissement et la déshydratation. Ce traitement complémentaire et essentiel n’a jamais été utilisé auparavant.

L’amélioration est notable dès le lendemain de la mise en route de ce traitement.

Seuls 2 malades succomberont après la mise en œuvre de ce traitement inédit.

 

 2 - Prévenir la dissémination du choléra

Le virus, cause du choléra, est transmis à partir d’un être humain, directement, ou, indirectement à partir d’objets, de vêtements souillés.

Jean Hameau demande de nettoyer les draps et tous les tissus en contact avec le malade avec une solution à base de vinaigre de vin et de mercure, de mettre une poignée de sel de cuisine et un peu d’eau ou de vinaigre dans le pot de chambre, après chaque selle, et de traiter les latrines, en y plaçant 7 à 8 kgs du dit sel.

L’épidémie s’essouffle rapidement.

 

Jean Hameau rend compte des résultats remarquables de cette approche nouvelle, thérapeutique et préventive de sa propagation, à la société de médecine de Bordeaux. Elle est relayée au niveau de tous les médecins du département par le préfet.

 

A nouveau, Jean Hameau, seul, à partir de ses observations, de ses réflexions, par son raisonnement rigoureux, trouvait une réponse originale et efficace, bien avant les grands maîtres de la médecine, pour combattre une maladie qui mettait en échec les hommes depuis des siècles. Le virus sera découvert en 1884.

« REFLEXIONS SUR LES VIRUS », présenté le 19 mai 1837

 

A la société de médecine de Bordeaux qui n’approuve pas la théorie des virus de Jean Hameau, puis à l’Académie de Médecine à Paris en 1843, sans réponse !

 

Son mémoire est enfin présenté en séance de l’Académie de Médecine en 1850 par le rapporteur, le professeur LONDE, qui écrit à Jean Hameau :

« Je viens de lire votre mémoire intitulé : Réflexions sur les virus. Il m’a paru extrêmement remarquable, et d’un intérêt si grand que, depuis plus de 20 ans, je n’ai été aussi vivement impressionné par aucun ouvrage de médecine. Votre œuvre interprète des faits jusqu’alors inexpliqués, ouvre un nouvel horizon à l’étiologie et à la thérapeutique de plusieurs maladies terribles, et montre le seul chemin qu’on doive suivre désormais pour en délivrer l’humanité. »

 

- définition des virus

« les virus ont des corps, ils occupent des lieux dans l’espace … »

Rejet formel de la doctrine de la génération spontanée.

 

- Mode d’action des virus :

 « ce qui caractérise essentiellement le virus, c’est sa faculté de vivre et de se reproduire »

« la contagion est le passage dans le corps de l’homme d’un insecte, ou d’une matière animée, qui le rend malade »

« l’iincubation n’est qu’un repos perfide pendant lequel il se fait un travail opéré par le virus dont les résultats apparaîtront bientôt (la maladie)

« la multiplication est un accroissement prodigieux du virus qui a servi à la contagion ».

Jean Hameau est ainsi le premier à décrire clairement la théorie de la contagion, de l’incubation, de la multiplication du microbe dès 1837

 

Les virus sont spécifiques : « Chaque virus produit la même maladie »

« tout virus peut être tué puisqu’il y a vie. »

 

Des substances chimiques sont anti-infectieuses : Soufre, Mercure, Chlore …

Il envisage des remèdes toxiques contre les causes qui les produisent (antibiotiques), les réactions immunologiques, les anticorps

 

Jean Hameau énonce les notions d’Asepsie et d’Antisepsie

 

Jean Hameau a fait preuve d’une sagacité pénétrante en pressentant, puis affirmant une doctrine qui balayait toutes les autres théories par son seul sens de l’observation, de l’écoute, par une faculté de déduction extraordinaire.

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