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Association des Amis de Jean Hameau

Présidente : Mme Michelle Caubit ; Secrétaire : M. Jean Marie Chabanne

 

 

 

 

 

DEVOIR de MÉMOIRE – la LETTRE

 

JEAN HAMEAU et le PAYS DE BUCH

 

 

Avril 2021.  Numéro 5

 

 

Nous présentons, dans ce numéro 5, les derniers soubresauts postrévolutionnaires de la vie à La Teste et la progression de la formation de Jean Hameau vers la profession médicale.

1795

Depuis plusieurs mois, André Hameau, père de Jean, se rend auprès de toutes les personnes susceptibles de soigner son épouse souffrante, officier de santé, chirurgien... Il la conduit à la fontaine Saint Jean. Il l’accompagne également dans le difficile pèlerinage de la Chapelle des marins,  au-delà des premières dunes, là même où il y a quelques siècles le moine Thomas Illyricus avait recueilli cette statuette de la Vierge Marie tenant son enfant dans les bras. Rien n’y fait.

«  Si vous le voulez bien, je serai médecin » annonce le jeune Jean Hameau à ses parents en cette fin d’année 1795. Il vient d’avoir tout juste 16 ans.

Est-ce l’état de santé de sa mère qui motive cet engagement ? Cette déclaration inattendue remet du baume au cœur de ses parents. Leur fils médecin !

Jean et ses parents se renseignent sur la manière d’apprendre la médecine. Ils apprennent ainsi que, en septembre

 

1793,

La Convention a décidé de fermer toutes les facultés ; le 8 août, elle avait voté la dissolution de toutes les académies et sociétés littéraires ou savantes, dont la Société Royale de Médecine. Le 14 frimaire an III, est décidée la création de trois Ecoles de Santé, à Paris, à Montpellier et à Strasbourg. Toute formation doit dorénavant débuter par un stage de quelques années chez un praticien avant d’aborder les études théoriques.

On a parlé à André d’un médecin remarquable installé à Cauna dans les environs de Montfort, commune d’origine de son épouse Jeanne.  André et Jean vont rencontrer le docteur Desquives, qui saisit vite la vivacité intellectuelle de ce tout jeune homme et sa volonté de réussir. Il accepte de le prendre sous son aile pour lui apprendre les rudiments de base. 

La vie a pris un cours plus paisible et régulier à La Teste où officient 3 chirurgiens.

Les mardi et vendredi se tient un marché à La Teste. Le culte catholique a été autorisé à nouveau et  Testerins et Gujanais se pressent à la messe le dimanche.  

Le 27 pluviose an III le fils Daysson, ami d’enfance de Jean, est envoyé comme élève à l’école de médecine vétérinaire d’Alfort. Il est à la charge du district.

La loi du 21 germinal an III ordonne le désarmement de ceux qui ont participé aux horreurs commises sous la tyrannie. On saisit les archives du Club des Hommes libres.

Le 24 messidor an III, Jean Fleury est réélu maire.

 

Le 6 vendémiaire an IV, on règlemente le droit au bois de la forêt usagère pour le chauffage des seules personnes domiciliées à La Teste et Gujan, ainsi que pour les militaires de la batterie de La Roquette installée en 1792, choisie pour défendre la passe sud ; son emplacement permet de découvrir tout navire approchant, à portée des canons Gribeauval. On redoute un débarquement des Anglais depuis que la Convention leur a déclaré la guerre.

Le 20 frimaire an IV, survient le drame que tous redoutaient, la mort de Jeanne Hameau, la mère de Jean.

Le 6 nivose an IV, l’administration municipale du canton est installée, sous la présidence de Fleury fils aîné, ce qui l’oblige à quitter son poste de président du conseil général de la Teste.

La situation n’est pas encore stabilisée à Paris. Le premier prairial, an III, le peuple avait envahi la Convention et tué le député Féraud, dont on a promené la tête au bout d’une perche.

 

1796

Jean accompagne depuis plusieurs mois le docteur Desquives dans ses visites aux malades. Jean écoute avec grande attention ce que disent les malades, trouvant les mots de réconfort, apportant l’espoir de l’amélioration attendue, et entoure chacun de cette sympathie bien réelle qui se dégage de sa personne.

Il se rend dès que possible à La Teste, auprès de son père, de sa sœur Marguerite. En cette année 1796, ont lieu de multiples fêtes officielles, auxquelles la population est incitée à participer en nombre.

Le 28 germinal an IV a lieu la Fête de la jeunesse prescrite par le directoire. Défilé de tous, jeunes et vieux, corps constitués, salve d’artillerie place Chalier, autrefois place du saubona. On chante l’hymne à la liberté, on écoute les discours des officiels. Après la partie militaire, on en vient aux concours scolaires, lecture (lauréat, le jeune DEJEAN), écriture (lauréat le jeune BALESTE, fils de l’ancien instituteur maitre de Jean Hameau), récit de mémoire (victoire de l’école du Teich).

Une nouvelle fête, celle de la victoire se déroule le 10 prairial an IV devant l’autel de la patrie dressé place Chalier, avec chants, remise de couronnes de lauriers aux militaires blessés et salve d’artillerie.

Et le premier vendémiaire de ce même an IV, on commémore le 4ème anniversaire de la République.

La sécurité laisse à désirer, vols, pillages, assassinats nocturnes, provoquent en fin d’année l’intervention de patrouilles nocturnes de la Garde Nationale, commandée par Turgan.

Jean va avoir 18 ans. Son apprentissage sur le terrain a bien avancé. Son maître estime que le moment est venu de s’inscrire dans l’une des trois Ecoles de Santé. Jean Hameau est d’autant plus décidé à rejoindre la capitale qu’il sait qu’il  y retrouvera son ami, Pierre Daysson.

La lettre journalière des députés lue par l’aboyeur et les informations apposées sur la porte de l’Eglise, devant laquelle a lieu également la lecture publique du Moniteur sont rassurantes.

André Hameau, son père, rencontre tous ceux qui pourraient apporter une aide à son fils dans une capitale qui retrouve un peu de sérénité.  Il vend quelques terres à son beau-frère Labouroir pour assurer quelques subsides à son fils.

Vient le départ, en ce début d’hiver. Les testerins de Paris l’accueillent avec sympathie et se mettent à sa disposition pour faciliter son intégration. Tous sont friands des nouvelles de La Teste, des changements intervenus depuis tous ces bouleversements politiques qui, même s’ils furent moins marqués qu’à Paris, et retardés, ont entraîné quelques perturbations dans la vie quotidienne des Testerins.

1797

Le jour de la rentrée est fixé au premier pluviôse an V à l’Ecole de Médecine, ainsi dénommée depuis l’année précédente, toute proche de son petit logement. C’est un impressionnant édifice, dont la façade présente une galerie à quatre rangs de colonnes ioniques. L’imposant hall d’accueil s’ouvre sur l’entrée du grand amphithéâtre, aménagé pour recevoir plus de mille personnes. Louis XVI en avait posé la première pierre en 1774, peu avant Noël.

L’enseignement est divisé en deux parties, théorique et pratique, et s’étale sur trois années, « les commençants », « les commencés» et les « avancés », correspondant chacun à une année.

La partie théorique a lieu dans les locaux de l’Ecole, récemment réaménagée pour tenter de faire face à l’important afflux d’étudiants, la partie pratique dans les hôpitaux.

Jean Hameau rencontre promptement Pierre Daysson.  A chacune de leur sortie commune, ils partagent les nouvelles venues de La Teste. C’est ainsi qu’ils apprennent que les jeunes, leurs amis restés au Pays, avaient demandé que le carnaval soit rétabli.

L’ancienne maison Verthamon, située en face de celle de la famille Hameau, achetée le 3 pluviose an V par Taffard jeune a été revendue le 4 Floréal à un autre Taffard.

Au niveau de l’administration locale, le 24 fructidor an V, Jean Fleury donne sa démission,  des circonstances l’obligeant à aller habiter à Bordeaux. Alexis Fleury, son frère, élu pour le remplacer, est destitué le 26 frimaire par arrêté signé de Barras à la suite de dénonciations adressées au Directoire par Nicolas Cravey, le désignant comme ennemi des patriotes et du gouvernement républicain.

Pendant sa première année d’études, Jean Hameau présente le difficile concours de l’Ecole Pratique de Dissection. Il est admis comme quarante autres étudiants, parmi plusieurs centaines de candidats.

Son statut d’élève de l’Ecole Pratique fait de lui l’assistant direct des professeurs qui interviennent à l’hôpital. Il approche ainsi des médecins de grande renommée, comme Antoine Corvisart, médecin clinicien qui va devenir le médecin personnel de l’Empereur, Philippe Pinel, père fondateur de la psychiatrie en France, Hervé Baudelocque, médecin accoucheur et professeur d’obstétrique.

Jean continue à vivre grâce aux dons de son père et aux allocations de son futur beau-frère Pierre, apportées de temps en temps par des voyageurs venus du pays. Des démonstrations de dissection aux élèves « commençants » lui rapportent une petite rémunération.

1798

René Théopile Laennec, venu de sa Bretagne natale, arrive à Paris cette même année 1798, muni d’un diplôme d’officier de santé. Il réussit le concours d’entrée à l’Ecole pratique où il devient le condisciple de Jean. En 1816, il fera la découverte essentielle du stéthoscope.

Les nouvelles de La Teste parviennent par périodes, tant à Pierre Daysson qu’à son ami Jean.

Le 2 pluviose an VI on commémore annuellement l’anniversaire de l’exécution de Louis XVI.

Le premier floréal an VI, Marichon jeune, notaire, est installé président de l’administration municipale du canton après la destitution d’Alexis Fleury. Marichon prête serment de fidélité à la République et à la Constitution de l’an III et jure haine à la royauté et à l’anarchie.

Le mariage de Marguerite Hameau avec Pierre Moureau, est célébré par un froid hivernal, en ce 3 nivose an VI, en l’absence de Jean, son frère bien-aimé.

Les principes révolutionnaires réapparaissent à nouveau, comme le montrent d’autres faits d’intolérance oubliée.

Le premier messidor an VI, on interdit les feux de la Saint Jean, cette réjouissance ne pouvant concorder avec le calendrier républicain.

Chaque décadi, à 10 heures, au temple de l’Etre Suprême, les membres de l’administration municipale donnent lecture au peuple des lois et actes récents. Il est  interdit d’ouvrir les salles de bal les jours ci-devant fériés de l’ancien calendrier, les musiciens qui joueraient ces jours-là seront pénalisés. Le jour du décadi tout travail est interdit.

Le premier frimaire, an VII, il est décrété que la sonnerie des cloches est interdite même pour annoncer les réunions décadaires et les solennités nationales.

Par la loi de la conscription votée en cette année 1798, le recrutement pour servir dans les armées doit être assuré pour tous les hommes de 20 à 25 ans. Les mouvements de désertion s’amplifient. On cache les enfants conscrits dans les cabanes des résiniers. Les demandes d’exemption se multiplient. Le 14 Messidor, ordre est donné de rechercher les agents de l’étranger, les émigrés rentrés, les prêtres réfractaires, les déserteurs.

 

1799

Bonaparte renverse le Directoire lors de la journée du dix huit brumaire an VIII. La promulgation de la constitution de l’An VIII crée le Consulat. Pour Jean Hameau, seules les études importent et les journées sont bien trop courtes pour parvenir à mener tous ses travaux.

Le comte de La Rochefoucauld rentre de son exil à Londres. Il informe de la découverte du docteur Jenner, qui a trouvé le moyen de se protéger de cette terrible maladie qu’est la petite vérole. Les autorités médicales françaises décident d’étudier cette méthode préventive. Jean Hameau va suivre le professeur Pinel lorsqu’il prend en charge l’expérimentation de l’inoculation de la vaccine et crée  le Centre de la Vaccine, présidé par le professeur Guillotin.

Pierre Daysson a regagné La Teste depuis plusieurs mois et l’informe des évènements locaux.

Une  chasse aux loups a lieu le 23 floréal an VII, en raison des ravages provoqués par leur prolifération. Le 4 fructidor an VII l’administration municipale réquisitionne la garde nationale et lui ordonne de patrouiller jour et nuit, pour empêcher des rassemblements et contrôler la présence d’étrangers,  en raison de mouvements insurrectionnels royalistes à Toulouse, et à Bordeaux.

1800

Jean a terminé son cycle d’études médicales. Aucune date n’est fixée pour soutenir la thèse de doctorat à Paris. Il apprend qu’une Ecole de Médecine va être créée à Bordeaux et décide de s’y rendre. Ses professeurs parisiens lui délivrent les certificats qui attestent qu’il a acquis toutes les connaissances nécessaires pour soutenir une thèse. Il reprend le chemin du retour pour obtenir son diplôme et mettre ses connaissances au service des habitants du Pays de Buch.

C’est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui s’en revient à La Teste de Buch, la tête bien remplie et une envie immense d’en faire bénéficier les habitants de son Pays. Un obstacle imprévu va freiner sa marche en avant …comme le développera le prochain numéro :

Jean Hameau, premier testerin docteur en médecine.

Association des Amis de Jean Hameau, siège social : 65 rue J. St Marc, 33260 La Teste de Buch

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