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Association des Amis de Jean Hameau

Présidente : Mme Michelle Caubit - Secrétaire : M. Jean Marie Chabanne

 

DEVOIR de MÉMOIRE – la LETTRE

 

JEAN HAMEAU et le PAYS DE BUCH

 

 

 

JUILLET 2021.  Numéro 8

 

 

 

 

La décennie qui va s’écouler sera riche en évènements, tant pour La Teste et les Testerins,  que pour Jean Hameau, ses travaux et sa vie personnelle.

Jean Baptiste Marsilon Lalesque occupe le poste de maire de La Teste pendant toute cette période, de 1821 à 1830. Officier de santé, royaliste ardent, il restera fidèle au roi Charles X jusqu’à sa destitution, après la révolution des Trois Glorieuses de juillet 1830.

En mai 1821, 50 pauvres recensés dans la commune reçoivent une miche de pain blanc de 2.500 kg, une livre et demie de viande, une bouteille de vin, à l’occasion du baptême de Son Altesse Royale Monseigneur le duc de Bordeaux.

Le 10 septembre 1821, le Conseil Municipal décide de créer les allées de Tournon, en témoignage des bontés infinies que M le Préfet a montré à notre pays, passionné par la fixation des dunes et par son intérêt pour la route Bordeaux-La Teste, qu’il fit empierrer en 1819, jusqu’à la Croix d’Hins ; les travaux, arrêtés pour empêcher une éventuelle pénétration d’ennemis débarqués sur le Bassin, furent repris le 10 octobre 1820.

Canal de Bayonne à La Teste

Le 28 mars 1822, le Conseil Municipal  de La Teste déclare que le canal navigable projeté de Bayonne à La Teste peut seul assécher le sol et améliorer l’air en donnant la vie à un pays sauvage mais dont le sol est des plus fertiles quand il est exploité.

Le 10 mai 1824, le conseil se plaint qu’aucune suite n’ait été donnée sa demande d’ouverture de ce canal.

Devant l’absence de réponse des autorités, le 31 mai 1826, le conseiller municipal Fleury fait valoir combien l’apport d’eau du canal envisagé améliorerait les passes du Bassin, ce qui pourrait faire du magnifique Bassin d’Arcachon un port royal dans lequel des flottes entières, gros navires de commerce et même vaisseaux d’Etat, trouveraient un mouillage aussi sûr que commode, avec afflux de population, d’industries, de cultures de ces plaines désertes, bref une source de prospérité pour les habitants et de richesses pour l’Etat.

En septembre 1822, la foudre, tombée sur le clocher de l’Eglise, en a détruit la flèche. Deux ans plus tard, en décembre 1824,  est créé un octroi pour couvrir les frais de reconstruction du clocher et pour poursuivre l’empierrement des rues, déjà commencé. Plus tard, 18 novembre 1826, pour entretenir la voirie, il est décidé que tout chef de famille propriétaire, fermier, et chacun de leurs fils vivant au foyer, chaque domestique devront fournir une journée de travail, à la condition d’être âgé de plus de 20 ans.

En cette même année 1822, fait sociétal notable, la Duchesse de Berry prend à Dieppe un bain de mer, salué par une salve d'artillerie, lançant ainsi la mode des bains de mer.

Le 23 septembre 1824, le Conseil Municipal de La Teste  exprime au roi Charles X la profonde douleur de ses sujets, pour la mort de Louis XVIII.

Le 24 mars 1825, on décide le débroussaillage de la lande où vont pacager les troupeaux et pour protéger du feu la forêt usagère,  sur une zone de 25 m de large sur la rive est de la craste de Nézer depuis le Natus jusqu’au Saous. Chaque famille doit fournir une journée de travail, les habitants répartis en escouades sous la direction d’un conseiller municipal. Une demande est faite aux habitants de Gujan de se joindre à ceux de la Teste.

Ile aux oiseaux

En 1824, la municipalité de La Teste décide d’affermer l’ile aux oiseaux à son profit.

Mais un jugement du 30 août 1827 déclare l’île aux oiseaux propriété de l’Etat déboutant les communes de Gujan et de La Teste, en réponse à la décision contraire prise en 1824.

En 1829, en application du jugement de 1827, l’administration des Domaines afferme l’île aux oiseaux ; le fermier devient M. de Sauvage, domicilié à Arès. Il sera à l’origine de nombreux conflits, comme en 1830, celui d’entreprendre l’extermination des lapins de l’île, responsables selon lui de grands méfaits, et aussi l’enlèvement des boues servant d’engrais aux agriculteurs de la Teste et Gujan. Le 6 mai 1831, le conseil municipal de la Teste demande la réduction des droits du fermier, à défaut de sa résiliation.

Le 4 mars 1828, un important incendie se déclare dans un chai, entrepôt-écurie de M. Legallais, et chez des voisins. Plus de 1000 personnes prêtent main forte, organisées en 6 chaînes. Au bout de 4 heures de lutte, le feu est éteint. Les pertes sont sévères, évaluées à 16.000 F, alors que l’assurance ne couvre que 9.000 F. Un voisin, boulanger de pain noir, a perdu 47 hectolitres de seigle. Une quête est organisée pour le dédommager.

Le 13 novembre 1830, Jean Fleury, fils aîné, est nommé maire par le nouveau pouvoir en remplacement de Marsilon-Lalesque, ardent partisan de Charles X. Jean Fleury prête serment à Louis Philippe Premier, roi des Français, après les journées révolutionnaires de juillet 1830.

Pellagre

En1818, Jean Hameau se rend chez une paysanne qui habite Le Teich. Elle présente des troubles qu’il n’a pas encore observés chez une même personne et qui se manifestent sous plusieurs formes dans le temps. Il la suit pendant plus d’un an avant qu’elle ne meure. L’année suivante, sa fille, qui partageait sa couche, est atteinte de symptômes semblables et meurt également, dans un véritable état d’aliénation mentale. Il va ainsi réaliser des observations semblables chez une dizaine de patients examinés régulièrement, pendant plusieurs années parfois. De la synthèse de l’ensemble des symptômes, apparemment indépendants les uns des autres, il pense qu’il s’agit d’une pathologie non encore décrite.

Le 4 mai 1829, il apporte à la Société de Médecine de Bordeaux, une note sur « une maladie de la peau peu connue observée dans les environs de La Teste ». Jean Hameau n’est pas en mesure de proposer une thérapeutique et il demande à ses amis médecins de la société de Médecine de Bordeaux, de faire progresser la connaissance dans cette voie. Chacun reconnait que cette maladie est sans analogie dans les ouvrages médicaux descriptifs des maladies de notre pays. Le docteur Bonnet, chargé de faire un rapport à cette Société, remarque que cette pathologie est bien proche de la Pellagre lombarde, déjà reconnue dans cette région de l’Italie.

Ce travail de Jean Hameau est publié dans le Journal de Médecine Pratique dès 1829, sous le titre : « Description d’une maladie nouvelle observée par le docteur Hameau sur le littoral du Bassin d’Arcachon». Dans cet article, il relève que cette maladie attaque les individus des deux sexes et de tous âges. Cependant, il dit ne l’avoir encore diagnostiquée que sur des personnes pauvres, malpropres et se nourrissant d’aliments rustiques et non variés. Elle peut durer plusieurs années, elle est d’autant plus perfide qu’elle est peu de chose dès son commencement. Dans un premier temps, elle ne se montre que pendant les chaleurs de l’été, et elle disparait l’hiver ; mais après deux ou trois de ces apparitions, elle ne cesse plus. Les caractères principaux de cette affection dérivent de trois groupes de signes. La peau montre une rougeur inflammatoire suivie d’une desquamation sur les parties les plus exposées à la lumière et à la chaleur du soleil. Une diarrhée opiniâtre témoigne d’une atteinte des organes digestifs. Puis cette affection évolue vers une aliénation mentale et une paralysie, signe d’une localisation des troubles au niveau des centres nerveux cérébraux. C’est donc une maladie générale qui envahit successivement ou simultanément plusieurs appareils organiques. Sa progression lente, insidieuse, provoque une dépression des forces, entraîne un dépérissement progressif, et finit par amener la mort.

Jean Hameau insiste sur les circonstances sociales d’apparition de la maladie, et  remarque que les paysans sont les plus touchés. Il note que les marins, plus propres, sont épargnés. Il souligne la nourriture chétive des bergers, leurs vêtements faits de peaux de brebis non tannées, qu’on ne lave jamais. La maladie se développe dans le canton de la Teste, alors qu’au bourg de la Teste où tout respire une aisance relative, il n’y en n’a pas trace. On peut donc parler de maladie endémique sur tout le littoral du bassin d’Arcachon.  Il pense qu’il peut s’agir d’une maladie contagieuse, du même ordre que celle présentée par des chèvres de la région, atteintes elles-aussi de troubles cutanés qui lui rappellent ceux relevés chez ces deux pauvres femmes initialement observées. On retrouve chez ces bêtes des caractères généraux analogues à ceux de la pellagre qui sont le tournoiement de tête, la diarrhée, une rougeur entre les cuisses. Il en conclue que cette affection peut dépendre d’un virus et qu’il est plausible de croire que cette maladie des brebis est susceptible d’attaquer des personnes à leur contact comme cela est le cas pour la morve du cheval. Il émet cependant un doute sur cette cause virale, tant le contexte de vie misérable lui semble essentiel.

La description qu’il en donne est entièrement retenue et transmise à tous les correspondants de la Société, comme étant parfaitement fidèle à la réalité de la maladie malgré la réticence de médecins mettant en doute que des troubles cutanés, digestifs, nerveux puissent ressortir d’une seule et même pathologie. Ne s’agit-il pas d’une simple concomitance ?

Dès 1830, le docteur Gintrac, de Bordeaux, publie un article dans la Gazette Médicale de Paris, où il fait référence au mémoire de Jean Hameau. Il le dit rempli de détails intéressants sur cette maladie dont le caractère parait certain à l’auteur.

En 1843, cette maladie, désormais connue, fait chaque année plusieurs milliers de victimes sur le littoral aquitain. Jean Hameau confirme l’avoir vue dans les cantons de La Teste et d’Audenge, mais aussi dans ceux de Biscarrosse et de Sanguinet, exactement soixante treize cas, dont la plupart sont morts.  Il écrit à l’Académie de Médecine pour attirer son attention et termine ainsi sa lettre par cette diatribe : « Le verra- t- on longtemps encore ce fléau promener la mort sur cette terre de désolation sans que les secours proportionnés au danger soient accordés à ces malheureuses victimes ? ».

Il apprend, par un médecin parisien de passage à La Teste pour enquêter sur cette maladie, que, dans les milieux universitaires parisiens, on nomme la Pellagre « le mal de La Teste ». Ce terme restera utilisé dans les ouvrages médicaux jusqu’au milieu du 20ème siècle.

Fluide nerveux

Ses observations médicales absorbent le plus clair de son temps. Cependant, il lui arrive de s’évader de cette préoccupation primordiale pour réfléchir à tous autres sujets relatifs à la Vie. Ainsi, ce mémoire de 50 pages, « Idée sur la nature et l’essence du soleil » dans lequel il  traite du soleil, du calorique, du fluide électrique et de la lumière, adressé au professeur Cuvier, secrétaire de l’Académie Royale des Sciences le 7 octobre 1822.

Dans le premier chapitre intitulé, « Soleil qui es-tu ? », il  reprend l’opinion commune à presque tous les savants, à savoir que le soleil est un composé de calorique et de lumière. Il pose comme postulat que le soleil est un feu dans lequel brûlent des gaz. L’oxygène nécessaire à la combustion du soleil ne peut venir que des comètes parce qu’elles parcourent le système solaire dans toutes les directions, s’approchant souvent du soleil. Le produit de cette combustion solaire ne peut être que l’eau, seule explication vraisemblable des pluies, et des brouillards, et de la rosée.

Puis il traite du calorique, et du fluide électrique. A ce propos il ne peut faire autrement que de revenir au fonctionnement du corps humain. Il exprime la conviction que ce corps possède un appareil électrique qui sert à l’entretien de la vie. Cet appareil électrique est constitué du cerveau, du cervelet et de leurs dépendances. Il  considère que c’est ce système nerveux central qui coordonne les différentes fonctions de l’organisme, à l’aide d’un fluide nerveux, lui-même de nature électrique, son circuit se faisant à travers les nerfs. André-Maurice Ampère chargé de faire rapport sur ce travail, ne le réalisa jamais. Ce document, retrouvé sur Internet, au nom d’Ampère, jamais ouvert le fut à notre demande par la conservatrice de l’Académie des sciences, puis acheté par la municipalité de La Teste. Cette notion de fluide nerveux, plus tard dénommé influx nerveux, était peu développé à cette époque. Jusqu’alors on parlait d’un fluide transmis par contact, de proche en proche, ou d’une théorie vibratoire de transmission. On ne peut nier la réalité de ce fluide non visible, souligne Jean Hameau, qui affirme sa nature électrique comme le confirmera quelques années plus tard Helmholtz.

Dans ce mémoire, Jean Hameau  ne peut s’empêcher de s’opposer violemment, ironiquement aussi, aux tenants de la génération spontanée, développant des arguments irréfutables pour condamner cette théorie encore largement partagée, y compris, avec certaines réserves,  par Lamarck. Poursuivant sur ses remarques purement médicales,  il conclue au rôle similaire du rein et des pores de la peau. Ces organes, reins et peau, d’apparence si distincte, lui semblent avoir un rôle d’épuration de l’organisme, par des mécanismes complémentaires. 

Mariage

Le trois novembre 1824, Pierre Peyjehan, adjoint au maire, unit Jean Hameau à Hélène, fille de l’homme qu’il admirait depuis son plus jeune âge, Jean Fleury. Lers mariés sont entourés de leurs pères, veufs tous deux depuis de nombreuses années. Hélène accompagne le sien dans sa vie quotidienne, depuis plus de 12 ans. Ils ont choisi pour témoins Pierre-Jean Baleste-Marichon, notaire à Mios, et trois amis de La Teste, Antoine Turpin et Jean Duha, tous deux négociants et Pierre Dubos, huissier. La cérémonie religieuse se déroule dans l’enceinte de l’Eglise Saint Vincent, cette Eglise remplie de souvenirs d’une enfance agréable, entre ses camarades et monsieur Larchevêque, le curé de la paroisse qui envisageait des projets ecclésiastiques pour son protégé. Jean a 45 ans, Hélène 27 ans, soignée par lui depuis l’enfance, comme madame Fleury qu’il ne put arracher à la mort, le huit février 1812. Jean quitte la maison paternelle pour s’installer chez son beau-père, propriétaire de la maison Verthamon, située juste en face de celle, beaucoup plus modeste, de son père.

Le 11 mars 1826, André Hameau, père vénéré de Jean, rejoignait sa chère Jeanne et leur fille Marguerite, dans la vie éternelle !

Hélène et Jean donnèrent la vie à 3 enfants. Jean-Marie, Gustave arriva le premier, trois ans après le mariage. Puis naquit Marie-Françoise, Rose leur première fille.  Ensuite vint au monde l’espiègle Elise.

A partir de 1830, Le docteur Jean Hameau affine ses Réflexions sur les virus, très en avance sur l’actualité médico-scientifique de son temps, puisqu’il fallut de nombreuses années pour les faire connaître puis accepter. Jean Fleury restera maire jusqu’en 1840.

Association des Amis de Jean Hameau, siège social : 65 rue J. St Marc, 33260 La Teste de Buch
 

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