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Biographie de Jean Hameau

       Jean Hameau est né le 5 octobre 1779 à La Teste-de-Buch. Son père  André Hameau, natif de Saint-Laurent-du-Bois, est établi comme  tailleur d'habits à La Teste. Sa mère, Jeanne Labouroir, est originaire de Montfort, diocèse de Dax. Il a une soeur ainée, Marguerite. 

      Le jeune Jean Hameau n'a pas 16 ans lorsqu'il s'en va suivre une première formation à la médecine à Ychoux, auprès du Dr D'esquives.
     En 1797, Jean Hameau se rend à Paris pour poursuivre ses études, à pied ou en carrioles lorsque des paysans charitables veulent bien le prendre avec eux. Il suit les cours de l'Ecole de Santé de Paris, intègre l'Ecole Pratique, a comme professeurs des célébrités médicales telles que Louis-Antoine Corvisart (le futur médecin  de Napoléon 1er), Philippe Pinel (fondateur de la psychiatrie française),  Jean-Louis Baudelocque. Il participe en 1800 au Centre de la Vaccine présidé par le Professeur Louis Guillotin.

         En février 1801, Jean Hameau rentre au pays. "C’est le pays qui m’a vu naître, c’est le pays où je dois exercer la médecine." Après avoir obtenu le diplôme d’officier de santé, Jean Hameau s’installe sur le Bassin où il pratique la vaccination antivariolique, ce qui lui vaudra d’être cité en 1814 comme l’un des quatre médecins qui ont le plus contribué à sa propagation dans le département.
En 1806, après avoir gagné quelques subsides, il s’inscrit à l’Ecole de Médecine de Montpellier où il soutient sa thèse, "Essai sur la topographie physico-médicale de La Teste-de-Buch". Cette thèse, très originale, décrit la géographie de La Teste, ses cultures, son climat, ses habitants et les principales maladies qu’il a observées pendant son exercice. Jean Hameau s’installe, non dans une grande ville comme son diplôme l'y autorisait, mais à La Teste qu’il ne quittera plus.
Commencent dès lors ses réflexions scientifiques, fruits d’une observation minutieuse des patients qu’il traite et de leur environnement.

En 1810, il fait la première description de la transmission d’une maladie des chevaux, la Morve, à l’homme.

Les
Fièvres intermittentes (paludisme), sont l'occasion de plusieurs communications, en 1811 et 1812, où il fait part du traitement qu’il utilise avec succès, en contradiction avec les préconisations classiques. Il suggère, pour éradiquer cette maladie, de faciliter l’écoulement des eaux, établissant ainsi une relation de cause à effet entre les eaux stagnantes et cette pathologie.

La
Pellagre ou mal de La Teste, comme elle était encore dénommée dans les principaux ouvrages médicaux du XX° siècle.
Pendant 11 ans, de 1818 à 1829, il va observer une maladie nouvelle, caractérisée par une éruption cutanée printanière, qu'il a l'intuition de rapprocher de troubles bien différents, digestifs et neuro-psychiques, apparus plusieurs mois après chez un même patient. On s’aperçut que cette affection présentait des signes communs avec une maladie déjà décrite en Lombardie et en Espagne, et qu’on dénommait Pellagre.

Jean Hameau se marie le 3 novembre 1824. Il épouse Hélène Marguerite Fleury, fille de Jean Fleury, l’un des plus riches bourgeois de La Teste. Jean Hameau a 45 ans et son épouse 29. Trois enfants naitont de cette union, dont Gustave, futur médecin et maire de La Teste puis d'Arcachon.
Ce mariage n'interrompt ni l'activité médicale ni ses recherches.
Il publie en 1836 un essai intitulé : "
Quelques avis sur les Bains de Mer", à propos de son expérience de médecin de l’établissement Legallais qu’il a contribué à créer. En 1838, il est nommé médecin-inspecteur des bains.

Mais l’année essentielle de son œuvre médicale, qui lui vaudra une renommée nationale, est l’année 1837, au cours de laquelle il expose pour la première fois ses études sur les virus devant la Société royale de médecine de Bordeaux, sous le titre : " Réflexions sur les virus".
Jean Hameau ne convainc pas ses confrères sur la justesse de ses idées. Il ne se décourage pas et adresse son travail à l’Académie nationale de Médecine en 1843, sans plus de résultat.
Après plusieurs interventions, de lui-même ou de confrères venus étudier la Pellagre à La Teste, et sa publication dans la presse médicale, le "
Mémoire sur les virus" est enfin présenté en séance de l’Académie de médecine le 14 avril 1850 par le professeur Londe qui écrit à son auteur : "Votre œuvre interprète des faits jusqu’alors inexpliqués, ouvre un nouvel horizon à l’étiologie et à la thérapeutique de plusieurs maladies terribles, et montre le seul chemin qu’on doive suivre désormais pour en délivrer l’humanité."
Dans ce mémoire, Jean Hameau définit les
virus, ou germes, et explique leur mode d'action avec une grande clarté, alors que les notions, à cette époque, sont extrêmement floues. Il décrit avec précision, l’origine des maladies contagieuses et leur déroulement selon les quatre phases qui sont toujours reconnues : la contagion, l’incubation, la multiplication des germes, puis la phase terminale de la maladie non traitée avec, soit la guérison soit la mort.
Il envisage l’existence d’anticorps, évoque la possibilité de vaccins par des virus atténués, préconise asepsie et antisepsie, incite à trouver des médicaments toxiques pour ces germes.
Ce n'est que 50 ans plus tard que Louis Pasteur confirmera la géniale intuition de Jean Hameau, avec des moyens autrement plus élaborés.

Jean Hameau a 70 ans, lorsque le 
Choléra sévit à La Teste de juillet à décembre 1849. Il comprend que la cause du Choléra réside dans les matières rendues par le malade (selles, vomissements). Il va traiter à l’aide de lavements de sulfure noir de mercure et obtient la guérison de la plupart de ses patients.

Jean Hameau, esprit curieux, possédait un véritable esprit encyclopédique. Ainsi, présente t-il deux communications que l’on peut qualifier de philosophiques : "Idée sur la nature du soleil", dans laquelle il s’étend longuement sur le rôle primordial de l’homme dans le développement de notre monde et un "Essai philosophique sur les idées innées."

Jean Hameau se montre également un remarquable géographe, mais aussi un véritable sociologue, bien que le mot n’existe pas encore à son époque.
Il s’est aussi adonné à la poésie, affirmant sans équivoque sa fidélité au régime monarchique dans son poème "Le Lis".

Jean Hameau accomplit son mandat de maire de La Teste de 1844 à 1848, avec beaucoup de détermination, faisant parfois grincer quelques dents chez ses collègues conseillers municipaux. On retiendra plusieurs de ses actions : les Prés salés et ses demêlés avec le ministre des transports lors de la réalisation de la route La Teste-Arcachon dans son tracé actuel, le chemin de fer, le soutien apporté aux marins, la station balnéaire, la forêt usagère, la lutte contre le chômage, les noms des rues, etc.
Jean Hameau fut "démissionné" le 23 mars 1848, refusant de renier son serment de fidélité au roi Louis-Philippe qui venait d’être destitué.

Fin août 1851, il subit une intervention pour un ongle incarné à l'Hôpital Saint-André de Bordeaux. La plaie s’infecte, l’infection se généralise et il meurt le 1er septembre 1851 d'une septicémie. Il avait 72 ans.
Jean Hameau est inhumé dans le cimetière actuel de La Teste. Ses obsèques ne donnent lieu à aucune prise de parole des autorités.

LA RECONNAISSANCE POSTHUME

En 1860 le professeur Landouzy, célébrité du monde médical, le considère comme une véritable gloire médicale et désire qu’on lui rende hommage en lui élevant une statue à Bordeaux ou à La Teste, en raison de ses travaux sur la Pellagre. Mais il fallut attendre les travaux de Pasteur, et la première vaccination contre la rage qui consacra la gloire du grand chercheur en 1885, pour que le docteur Gustave Hameau, puisse enfin faire reconnaître ceux de son père, en les faisant publier, en 1895, sous le titre "Etudes sur les Virus." Le corps médical est stupéfait.
Dans la préface de cet ouvrage, le professeur Grancher, premier assistant-médecin de Pasteur, estime que Jean Hameau en savait plus sur la médecine étiologique (les causes des maladies) que toute la Faculté de 1840 à 1880 et que, si Pasteur avait connu son travail, il l'eût cité comme un de ses précurseurs scientifiques.

- Le 10 février 1896, La Teste donne le nom de Jean Hameau à la place principale de la ville.
- La Société de médecine et de chirurgie de Bordeaux estime qu'il y a lieu d'ériger un monument à sa mémoire et ouvre une souscription auprès de tous les médecins. On compte 2000 souscripteurs pour un montant de 17000 francs.
- Le 27 mai 1900 a lieu l'inauguration de la statue au centre de la place Jean Hameau.

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

- En 1942, à la demande de l'occupant, le bronze de la statue est coulé pour être transformé en matériel de guerre. 
- Un buste, situé square Jean Hameau, est inauguré en 1962, et le 1er juin 1978, Madame Simone Veil, ministre de la santé donne le nom de Jean Hameau au Centre hospitalier qu'elle vient inaugurer.
- Le 14 novembre 1979, le bicentenaire de sa naissance donne lieu à l'apposition d'une plaque sur sa maison natale au 21 de la rue du XIV juillet.

Jean Hameau a toujours privilégié la recherche d'une explication plausible à des faits inexpliqués, le raisonnement déductif à partir de l'observation des faits, la logique de ses démonstrations, l'obstination à vaincre les réticences du corps médical, la fidélité à ses idées.
Il fut un révolté pour l'humanité, contre la souffrance, l'injustice, la misère et la fatalité.

© 2015

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